Les apports du processus HBIM à l’étude archéologique et à la gestion patrimoniale d’un monument historique.
Évaluation d’une méthode interopérable et inscrite dans la science ouverte pour le traitement et l’exploitation des données 3D et spatialisées au service de l’archéologie : le cas du théâtre antique d’Orange (84).
Sous la direction de Jean-Charles Moretti (Directeur de recherche, IRAA, Lyon 2) et la codirection de Serge Faraut (Ingénieur-Chercheur au Laboratoire de Recherche en Architecture [LRA] de l’ENSA Toulouse)
Née du constat indéniable du manque d’interopérabilité entre les données issues des sciences de l’ingénieur et des sciences historiques, cette étude vise à élaborer et à mettre en œuvre les outils nécessaires à la mise en relation des résultats issus des recherches, entre autres, de ces deux communautés. L’expérience acquise au cœur du projet TAIC (pour un Théâtre Antique Intelligent et Connecté) mené sur le théâtre d’Orange par Sandrine Dubourg (IRAA AMU-CNRS) depuis plusieurs années et les partenariats mis en place, permettront, dans le cadre de cette thèse d’élaborer des solutions « passerelles » entre les disciplines. Le sujet est donc interdisciplinaire et situé à la croisée des questionnements en architecture, en archéologie et en sciences de l’ingénieur (géomatique, modélisation, BIM). La réflexion interrogera tout particulièrement l’adaptation du processus HBIM à l’étude archéologique d’un monument historique, avec une approche multiscalaire allant du détail constructif jusqu’à l’analyse urbaine. Le monument ne pouvant être considéré comme un objet hors-sol, l’étude portera sur les données modélisées du bâtiment, et de ses abords, et couvrira le champ d’interaction de l’édifice avec son environnement naturel et géologique et son environnement urbain antique et actuel. L’étude s’appuiera sur l’élaboration d’une maquette numérique du théâtre antique d’Orange, réalisée dans les technologies du BIM sourcé, dont la réalisation dans le cadre du projet TAIC2 est confiée au partenaire privé porteur de la convention CIFRE, la société A-BIME qui a énoncé ce concept et le développe.
Sur le plan scientifique, les problématiques recouvrent deux volets fondamentaux de l’archéologie : l’analyse stratigraphique d’une part et l’archéologie de la construction d’autre part. Au sein de la maquette HBIM, l’analyse, non plus seulement en plan et en élévation, mais en trois dimensions, permettra de relier des unités stratigraphiques dont les relations sont difficiles à établir en deux dimensions et donc d’affiner, voire de révéler des phasages indiscernables aussi bien en ce qui concerne la construction du monument que ses transformations jusqu’à l’époque contemporaine. Pour l’étude de la construction, la maquette HBIM, qui intégrera les données concernant la nature et les caractéristiques techniques des matériaux mis en œuvre, constituera un support pour établir et valider les différentes propositions de restitution comme les calculs des structures et d’ingénierie architecturale.
Sur le plan de l’ingénierie, un des axes majeurs porte sur l’étude et l’évaluation de l’interopérabilité (sémantique) entre les normes et les données BIM et entre le BIM et les Systèmes d’Information Géographiques (SIG), en suivant les principes établis par le building Smart International (bS) sur le BIM ouvert (Open BIM). Dans ce contexte d’ouverture des données, l’étude s’appuiera également sur les principes FAIR (Facile à trouver, Accessible, Interopérable et Réutilisable) qui définissent les normes permettant aux machines et aux humains d’interagir avec les données et métadonnées de recherche. Les principes de l’Open BIM et du FAIR doivent être considérés comme de bonnes pratiques destinées à faciliter la réutilisation des données et des résultats de la recherche. La question de la diversité des sources, de leur format, de leur condition de stockage ou d’accès sera au cœur des échanges afin de mieux encadrer leur utilisation et leur diffusion.
Enfin, au-delà des problématiques archéologiques fondamentales, la thèse explorera également les questions liées à la modélisation paramétrique d’un bâtiment complexe qui devra être partagée et alimentée dans le temps long dans le cadre du travail collaboratif généré par son étude, son entretien et son exploitation en tant qu’édifice historique toujours en activité (établissements recevant du public, scène de spectacle, aménagements techniques …).
Publications récentes
2023 : A paraitre LEVEAU (Ph.),TURCI (M.), PANNEAU (M.), Villas résidentielles, villas productives et économie domaniale sur les territoires des cités romaines d’Arles, Aix et Marseille. Revue Archéologique de la Narbonaise, 2022.
2022 : PANNEAU (M.), Les caves de l’hôtel de Lacépède à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Nouvelles données d’urbanisme sur l’enceinte du XIVe siècle et le quartier Villeneuve. Bulletin archéologique de Provence, Association Provence Archéologie, 2022, pp.33-46.
2021: ROCHETTE (P), AMBROSI (J. P.), et al. Systematic sourcing of granite shafts from Gallia Narbonensis and comparison with other western Mediterranean areas. Journal of Archaeological Science: Reports, Elsevier, 2022, 42p.
2018 : BONNET (S.), PANNEAU (M.), GIROUX (H.), La modélisation au service de l’évaluation et de la caractérisation du sol urbain d’Aix-en-Provence. Les Nouvelles de l’Archéologie, 2018.
2016 : HUGUET (C.), NIN (N.), PANNEAU (M.) collab., La domus au Salon noir. Nouvelles données sur l’habitat résidentiel d’Aix-en-Provence aux Ier et IIe s. ap. J.-C. 1. Insertion urbaine, organisation et chronologie. RAN, 49, 2016, p. 149-184
Participation graphique
2020 : COULET (N.), MAZEL (F.) dir, Histoire d’Aix-en-Provence, Beaux-livres – Histoire, PUR, Rennes, 2020, 336p. (Coordination cartographique de l’ouvrage)