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L'architecture antique et ses représentations

Responsable : N. Bresch (IRAA - Paris)

Ce nouveau programme se situe à la confluence de deux grands axes de recherches : la question du relevé et du dessin en architecture et la question des nomenclatures lexicales antiques liées à l’architecture. Ces questions ont toujours été au cœur des préoccupations du laboratoire. Le récent programme ANR-OrAG nous conduit à nous interroger sur la fonction et la méthode du relevé. Les travaux menés par d’anciens membres de l’IRAA sur Vitruve ou sur le vocabulaire architectural grec ont jeté les bases d’une réflexion globale sur les rapports entre textes et monuments. Ces deux axes posent le problème de la « représentation » de l’architecture au sens large. On distinguera trois approches.

Thème 1 - Dire l'architecture

Un colloque portant ce titre a eu lieu en octobre 2010 et ses actes en ont été publiés en 2016 : R. Robert (dir.), Dire l'architecture dans l'Antiquité, Paris. L'objectif était de confronter des recherches sur tous les types de textes (épigraphiques, juridiques, techniques, poétiques). Cette rencontre a vocation à être suivie d’autres journées d’études ou à être élargie chronologiquement à la question de la réception de l’architecture antique dans la littérature du Moyen-Âge et de la Renaissance.

Sous la direction de Chr. Mauduit (PR Lyon 3), J.-Ch. Moretti et L. Rabatel poursuivent le travail qu'ils ont engagé sur le vocabulaire du théâtre et le vocabulaire architectural dans le lexique de Pollux. Un séminaire consacré aux mots de la ville dans Pollux (lien) a débuté à l'automne 2012 sous la direction de V. Mathé et L. Rabatel. Il a obtenu le soutient de l'IMU. Le 10 et 11 juin 2016 aura lieu à Créteil (UPEC) un colloque international intitulé « Dire la ville en grec aux époques antique et byzantine ».

Thème 2 - Fonction et méthode du relevé en architecture

Méthodologie du relevé
Le programme ANR-OrAG a comporté un volet de recherche consacré à la représentation des blocs d’architecture décorés dont l’objectif était d’élaborer des protocoles méthodologiques en fonction d’objectifs scientifiques préalablement définis. Le but était de confronter les pratiques des architectes de la Renaissance jusqu’à l’époque contemporaine aux problématiques actuelles que l’apparition de nouveaux outils technologiques a suscitées. Le 11 septembre 2013 une journée d'étude intitulée « A l’heure du numérique "Quelles mesures pour la mesure ?". Le relevé des blocs d’architecture décorés et l’apport des outils numériques » a été organisée à Aix Marseile Université par A. Badie, J.-J. Malmary, St. Zugmeyer et D. Tardy. Les communications peuvent être visionnées sur http://mediamed.mmsh.univ-aix.fr/chaines/iraa/Pages/default.aspx. En 2016, un film a été réalisé par CNRS Le journal sur les travaux consacrés aux blocs d'architecture romaine de Bordeaux : https://lejournal.cnrs.fr/videos/les-mysterieux-blocs-de-bordeaux​.

La groma de Pompéi © Myriam Fincker, V. Picard
La groma de Pompéi © Myriam Fincker, V. Picard

Études de topographie antique
Myriam Fincker poursuit ses travaux sur les méthodes antiques de topographie. La groma, ancêtre de l'équerre optique, est le mieux connu des instruments de topographie de l'antiquité. Contrairement à la dioptra ou au chorobate dont seules quelques mentions dans des textes anciens nous rappellent l'existence, des représentations de la groma ainsi qu'un outil complet furent découverts en fouilles archéologiques. En 1982, Jean-Pierre Adam testa l'efficacité de la groma à l'aide d'un appareil reconstitué d’après celle qui fut découverte à Pompéi dans la maison de Verus. Il l'utilisa pour deux expérimentations : l'implantation d’un carroyage et le relevé de constructions. La première consista à établir un alignement rigoureusement rectiligne ainsi que des perpendiculaires à cet alignement sur le modèle des cadastres ruraux antiques. La seconde permit de réaliser le relevé d'un plan en coordonnées rectangulaires. Notre but est de compléter l'expérience de J.-P. Adam afin d'essayer de préciser à quel usage la groma pouvait avoir été destinée en théorie comme en pratique. Il s'agit en fait d'augmenter le dossier pratique, si possible jusqu'à ses limites. Nos hypothèses théoriques seront testées sur le terrain à l'aide de gromae reconstituées. Après avoir présenté l’outil en proposant une nouvelle publication de la groma découverte à Pompéi, une liste de tous les problèmes classiques de la géométrie plane utilisant les angles droits et les triangles rectangles sera établie. Ensuite il s’agira de retrouver les situations dans lesquelles l’équerre optique de l’Antiquité a pu être utilisée et d’indiquer les méthodes pratiques d’utilisation de la groma.

Thème 3 - Historiographie des travaux sur l’architecture antique

Plusieurs membres du laboratoire ont été amenés à travailler à partir des archives et des documents hérités des architectes du XIXe siècle. L’importance et le rôle historique de ces travaux justifient que l’on organise diverses manifestations autour de l’œuvre de deux architectes de renom et sur un dossier particulièrement emblématique de l’histoire des monuments antiques sur le territoire national. Les travaux de l'IRAA de Lyon se concentrent sur l'architecte A. Caristie (1782-1862), auteur de la première monographie scientifique de monuments de Gaule publiée en France. L’ouvrage consacré au théâtre et à l’arc d’Orange est méthodologiquement rigoureux (avec une attention particulière à la distinction entre les vestiges et leur interprétation et corpus comparatif fermement établi). Cette publication exemplaire fit date et reste toujours une référence constante. Elle illustre aussi les rapports entre la prise en compte du patrimoine dans la première moitié du XIXe et la production scientifique de l’époque. Une étude sur des planches originelles de la publication consacrée aux Monuments antiques à Orange, arc de triomphe et théâtre par A. Caristie en 1856 doit être engagée par l’équipe travaillant sur le théâtre. Ces planches sont conservées au Musée archéologique de la ville. Si les travaux des architectes français faits au xixe siècle dans le cadre d'envois de Rome en Italie, en Grèce ou en Turquie ont été largement étudiés ces dernières années, ceux qui ont été réalisés en France restent très souvent méconnus. Le travail d'A. Caristie, qui a réalisé sur les monuments d'Orange la première grande monographie consacrée à un édifice sur le territoire national, tient parmi eux une place insigne.

Publications récentes

Ouvrages et chapitres d'ouvrages

- Moretti J.-Ch., « L'exploration archéologique de Délos » dans Albert Gabriel, un architecte français à Délos au temps de la Grande fouille 1908-1911, Mykonos, 2008, p. 9-14.

Articles

- Moretti J.-Ch., Zambon A. « Fauvel à Délos », Monuments Piot (2007), p. 165-190.
- Mauduit Chr., Moretti J.-Ch., « Pollux, un lexicographe au théâtre », REG 123 (2010), p. 521-541.
- Mathé  V. , Moretti J.-Ch., Rabatel L., «  Dire la ville en grec au iie siècle après J.-C. (Pollux, Onomasticon, IX, 6-50) », Histoire urbaine 42, avril 2015, p. 163-177.
- Mauduit Chr., Moretti J.-Ch., « L’architecture dans l’Onomasticon de Pollux », dans R. Robert (dir.) Dire l'architecture dans l'Antiquité, Paris, 2016, p. 205-222.